Barbara Morihien

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PEINTRE

Barbara Morihien est née à Paris et parle couramment l’allemand, l’anglais, l’italien. Elle étudie le chant au conservatoire de Zurich auprès de Jane Thorner-Mengedoht. Elle travaille avec des chefs tels que Christoph von Dohnanyi, Ed Spanjaard, Claudio Abbado, Philippe Jordan et dans les mises en scène de Peter Brook, Matthias Hartmann, André Wilms. Elle participe régulièrement à des créations contemporaines. Elle a chanté récemment à l’Opéra de Paris Helmwige dans la Walkyrie de Richard Wagner et Nella, Badessa dans le triptyque de Giacomo Puccini.

 

Barbara se consacre parallèlement depuis de nombreuses années à la peinture et c’est dorénavant son activité principale. La spécificité de cette artiste hors norme est d’avoir su transférer le timbre juste de la voix au mouvement juste du geste dans la peinture. La nécessité absolue de chanter parfaitement en solo devant un vaste public lui a conférée une aptitude pour elle évidente et fondamentale de peindre avec la même exigence de « l’instant ». C’est la raison pour laquelle Barbara utilise des matières qui lui permettent cette fugacité qui lui est propre, l’emploi de la peinture à l’eau préalablement teintée à partir de pigments à laquelle sont associés encre de Chine, crayon, fusain et pastel.

 

« Explosante fixe », le titre que Pierre Boulez emprunta à André Breton correspond bien à la première impression que donne la peinture de Barbara Morihien. Naissance du monde ou apocalypse, selon les tableaux, on y voit tournoyer les nébuleuses, les astéroïdes, les galaxies d’un univers minéral, dans des rutilances et des contrastes de couleurs pures jetées sur la toile, zébrées de graphismes à l’encre de Chine. Le résultat qui pourrait être angoissant est paradoxalement d’une exubérante vitalité. Cela est dû au chatoiement frémissant de la couleur, d’abord, mais aussi à la structure ample, généreuse, terrienne, bien campée dans une solide horizontalité. Le blanc pur, souvent central, offre secrètement une ouverture en profondeur, voire une perspective à bon nombre de ces œuvres, invitant le spectateur à y pénétrer. Tantôt on sort d’une grotte à la lumière du jour, tantôt on entrevoit un horizon au travers d’une jungle d’entrelacs bigarrés, tantôt un visage esquissé passe comme un appel…

Peinture sonore, percussive et lyrique à la fois, l’œuvre de Barbara Morihien réussit une combinaison rare, souvent rêvée, entre musique, dessin et couleur.

Michel Rabaud